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IImage : Pierre Quintrand

29.04 —— 22.06.2022 en partenariat avec la galerie Françoise Besson

Trame du silence, acte I

Le 33, 33 rue Saint-Jacques, 13006 Marseille​

Barbara Carnevale
Jean Charasse

C’est une aventure doublement double. D’abord parce qu’il s’agit du tandem Barbara Carnevale et Jean Charasse, ensuite parce que l’exposition relie deux territoires en deux actes. Une impulsion est née et, de rencontres fortuites en rencontres intuitives, elle s’est concrétisée au 33 à Marseille et à la galerie Françoise Besson à Lyon. Trame du silence a pu voir le jour et créer un maillage formel autant qu’intergénérationnel.

 

Barbara Carnevale défie le temps. Elle « fabrique des formes et des dispositifs sensibles, aborde volume et mouvement de manière simultanée » dans une pratique du dessin (Momentanément se perdre, 2021, impressions pigmentaires réalisées à partir d’un dessin à la graphite numérisé) et de la sculpture. Ses recherches récentes sur la mémoire de l’image, de la perception de l’espace et de l’expérience prennent forme dans deux nouvelles pièces qui évoquent « le recommencement du corps » : CsO, Corps sans organe, sculpture en verre à poser comme une ligne et Oi, Organe indéfini, volume composé de six modules rectangulaires en céramique coulés à la faïencerie de Charolles. Le verre et la pierre, deux matières aux qualités antinomiques de fragilité et de solidité qui, mêmement, « obligent une sorte de chorégraphie lors de leur maniement ». Un travail sur l’évidemment de la matière, l’exploration de l’espace et, toujours, omniprésent, le mouvement. « Je fais vivre mes dessins en volume. Ces pièces me permettent d’aller vers le volume comme s’il y avait des translations industrielles qui viennent charger leur histoire. Je ne suis plus seule à les porter, je m’appuie sur un savoir faire. Tout cela donne corps à ma posture artistique et à des œuvres concrètes ». 


Harmonie. Ce mot vient immédiatement à l’esprit face aux œuvres de Jean Charasse. Et, fait du non hasard, résonne parfaitement avec les « questions d’harmoniques de formes » soulevées par Barbara Carnevale.  Leur connivence est d’autant plus saisissante qu’ils ont en partage la pratique du dessin et du volume. Et, peut-être, une appétence pour le silence… Pour Le 33, Jean Charasse dévoile ses travaux réalisés entre 2020 et 2022, combinaisons d’éléments parallélépipédiques cachés, recouverts de tissus tendus, fixés sur des fonds, et d’éléments apparents emboités et superposés. Des Constructions en noir intense (« ce n’est pas un vrai noir ») ou en blanc qui jouent avec les effets de lumière et des reliefs pouvant atteindre 6 centimètres. Autant de variations d’un thème exploré dans les années 2004 lorsqu’il était membre du mouvement MADI au côté de Carmelo Arden Quin, et sans cesse réinventé. Réécrit, comme en 2014 où l’artiste intègre un voile de tissu pour lier les éléments entre eux, atteindre une matière moins brute, et trouver une cohabitation moins heurtée. « C’est un travail austère, assez difficile, qui me convient. J’ai essayé la couleur mais ça ne marche pas pourtant j’ai été coloriste dans une période figurative et même dans un expressionnisme violent ! ». On ne peut s’empêcher d’évoquer avec lui Carré blanc sur fond blanc de Malevitch, ses espaces infinis, découvert tardivement alors même que ses Constructions révélaient déjà leur propre rythmique…  

 

Texte : Marie Godfrin Guidicelli

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