top of page
SALOMON-Aurore_PAC_02.jpg

Image : Aurore Salomon

17.04 —— 16.05.2021

Aurore la nuit

Le 33, 33 rue Saint-Jacques, 13006 Marseille

Aurore Salomon

Un travail sur le motif , une galerie du quartier de la Préfecture ouverte par intermittence, excepté ce samedi après-midi, 33 rue Saint-Jacques.

 

Ce sont des aquarelles, des petits formats qui évoquent des nuits de pleine lune ou bien des moments entre chien et loup, des prises de vue effectuées promptement dans les Hautes-Alpes, près du Mont Pilat dans le Forez ou bien à Sormiou : des crêtes de montagne, une falaise qui se dresse, les miroitements de la mer ou bien d'un lac, des barques échouées, l'apparition d'une chapelle désaffectée, des noirs, des blancs et des contrastes, quelquefois des bleus turquoise. Dans une pièce attenante, on aperçoit des touches de couleurs un peu plus vives, des kayaks rangés en bord de rive, presque les débuts d'une gamme.

 

Son père est architecte : pendant les vacances, le père et la fille partaient ensemble pour une journée, remplissaient des carnets de dessin. Aux Beaux-Arts de Luminy, excepté pendant la première année d'études, le dessin n'était pas prioritaire, une passion pour cette pratique prend souvent des allures de clandestinité. Les modes et l'air du temps sont redoutables, Aurore Salomon n'a pas immédiatement réussi son diplôme de fins d'études, elle est allée chercher son parchemin auprès de l'Ecole d'Art d'Aix-en-Provence : là-bas, voici quelques années, Marie Pagès était enseignante, publiait avec d'autres amis, un périodique qui continue de tracer son chemin,  Roven, revue critique du dessin contemporain.

 

Contrastes et solitude 

 

Aurore Salomon n'avait pas de vocation pour devenir une noctambule, l'insomnie n'est pas son point faible. Un ami qui suit son travail dit qu' »elle a choisi quelque chose de difficile » : attendre les saisons propices, se lever aux alentours de deux heures du matin, marcher en solitaire, refonder son regard à partir de l'inconnu, apprendre à discerner comment surgissent et comment évoluent les lumières de la nuit, découvrir et représenter un monde qui s'exempterait des pollutions sonores et de l'électricité. En surcroît on sait à quel point l'aquarelle admet très peu de repentirs. Pendant les froids d'hiver, le pinceau est moins léger, la couleur pourrait geler : Aurore Solomon «  fait de la patinoire ».

 

On ne cherchera pas dans cette exploration autre chose que la traduction d'une expérience : les nuits sont belles mais n'ont rien de particulièrement accueillant, les lucioles infiniment minuscules évoquées dans des textes devenus célèbres de Pier Paolo Pasolini et Georges Didi-Huberman ne sont pas gages d'espoir. Une amie s'est souvenue de la joie qu'avaient éprouvée des astronomes lorsqu'ils avaient étudié La Nuit étoilée de Vincent Van Gogh. Ces gens de science avaient fait les calculs qu'il faut pour repréciser le positionnement des astres pendant une nuit de fin septembre 1888, les grands tournoiements de la voie lactée d'Arles. Ils avaient constaté que sur la toile du peintre, tout était parfaitement exact : sur les bords du Rhône, rien ne relevait de l'imagination ou bien d'une fantaisie déplacée.

 

Texte : Alain Paire

bottom of page