Image : Gourdon Fahrni
04.05 —— 24.06.2023 en résonance avec le festival du PAC
Récoltes
La Cartine, 27 rue Saint-Jacques, 13006 Marseille
Laurane Fahrni
« Dans notre paysage urbain, la végétation de résistance et les ruines au sens large sont comme autant de richesses insoupçonnées pour mon terrain d’exploration et de recherche. L’empreinte du temps, son façonnage sur les matériaux, le recyclage d’éléments oubliés, invisibles à l’œil du passant, nourrissent mon travail. Inspirée par nos paysages, je récupère des matériaux abandonnés qui m’interpellent. Je les assemble et les contrarie afin de composer différents fragments d’architecture ou de nature qui s’articulent et communiquent révélant ainsi une autre forme de vie. Je construis, dé-construis, compose une histoire et exprime ainsi, une nouvelle forme de poésie urbaine. »
Texte : Laurane Fahrni
TEXTE CRITIQUE
Alexia Abed
Laurane Fahrni Gourdon examine ce qui se dérobe à la vue dans nos environnements urbains : la symbiose des flores de friche et des débris architecturaux. Pour questionner le devenir de ces ruines conjuguées au présent, ses sculptures miment les nouveaux comportements d’une nature qui s’adapte à des flancs inhospitaliers, des paroies infertiles. Son travail, s’il évoque un paysage qui aurait subi quelques catastrophes, déniche surtout des tensions entre l’expansion et le figé, la présence et l’absence.
En mimant l'artificialité de la nature, Laurane mobilise des techniques de camouflage et de trompe-l’œil. Une contamination croisée entre des matériaux organiques et industriels, naturels et toxiques, confère à ses sculptures une apparence à l'opposé de leurs réelles propriétés physiques. Des fragments de câbles, tuyaux et autres conduits distribuant les fluides, sont associés à des bris de béton et de verre. Recomposés et détournés de leur usage initial, ils deviennent des écrins fertiles aux plantes rudérales. Sur les murs, ces petites capsules craquelées et abîmées renferment des microbiomes dotés de leurs propres temporalités. À travers ses sculptures composées comme des dessins superposés, Laurane témoigne de sa sensibilité aux endroits qu’elle traverse. Les jeux graphiques en trois dimensions imitent les capacités de croissance et de prolifération des lianes, des racines et du lichen. Leur subsistance prend alors la forme d’une résilience qui, par sa multitude, perturbe le régime ordonné des villes et des espaces d’exposition.